Tübingen, Narr Francke Attempto Verlag, coll. « Biblio 17« , 2024
Guillaume Peureux et Delphine Reguig (dir.)
Résumé
Ce livre est une histoire de la poésie en France au XVIIe siècle vue à travers la question des rapports entretenus par les poètes avec la réforme malherbienne, généralement présentée comme uniformément répandue dans les pratiques d’écriture. Les contributions réunies montrent la complexité et la richesse de ces rapports, des divergences et des rapprochements inattendus entre poètes, la profondeur des réflexions menées par les auteurs et autrices, en fonction de leurs convictions philosophiques ou linguistiques, des influences qu’ils subissaient, des contextes politiques et idéologiques qui étaient les leurs. Trois grandes lignes se dégagent de l’ensemble des contributions : la prise en compte des écarts entre le purisme malherbien et la nécessité d’adapter son écriture aux codes d’une forme ou d’un genre ; le déploiement de discours sur l’autonomisation de la langue poétique ; des expérimentations linguistiques qui traduisent une résistance frontale à toute forme d’uniformisation poétique.
Sommaire
Le grand laboratoire
1. Langue et genres poétiques
Bernd RENNER
« Ainsi les actions aux langues sont sugettes » : langue et satire chez Mathurin Régnier.
Antoine SIMON
« Un stile simple et bas » : dépouillement de la langue dans les Satyres françoises de Jean Vauquelin de La Fresnaye.
Sophie TONOLO
En mots et en images, en vers et en phrase : la langue française à l’épreuve de l’épître en vers, de Saint-Amant à Boileau.
Emily LOMBARDERO
« Vieux langage » contre « beau langage » : le conte en vers de La Fontaine à Voltaire.
Lucien WAGNER
« Une diction toute héroïque » : politique de la langue dans le poème héroïque français des années 1650.
2. Poésie et usage en tension
Melaine FOLLIARD
« Inventer quelque nouveau langage » : les pointes de Théophile de Viau ou la tentation d’une langue neuve en 1620.
Antoine BOUVET
Éloquence et modernité de la langue poétique dans la pointe de sonnet au XVIIe siècle.
Claire FOURQUET-GRACIEUX
Des « mots farouches pour la poésie » ? Corneille et le lexique français.
Karine ABIVEN et Gilles COUFFIGNAL
En quête de variations linguistiques dans les mazarinades burlesques : quels usages de la langue dans la poésie de grande diffusion ?
Giovanna BENCIVENGA
Le Conseiller des poètes à l’épreuve. Gilles Ménage entre poésie, héritage italien et observations sur la langue française.
Sophie HACHE
Poésie et langue française dans La Rhétorique de Bernard Lamy : entre déception et aspiration.
3. Inventions linguistiques et poétiques
Vincent ADAMS–AUMÉRÉGIE
Comment lire un fragment ? Sacrilège auctorial et perfection linguistique dans les Poésies de Malherbe (1630).
Stéphane MACÉ
« Fait pour vaincre la mort et pour étonner l’œil » : à propos de l’enrichissement de la métaphore chez quelques poètes du premier dix-septième siècle.
Charlotte DÉTREZ
« Plus j’enrichis ma langue, et moins je deviens riche » : langage poétique et construction de carrière.
Claudine NÉDELEC
« Écrire d’une façon, que personne n’oserait parler » : les poètes burlesques et la langue.
Philippe CHOMÉTY
La langue poétique comme « anagrammatisation généralisée » au XVIIe siècle : quelques hypothèses et éléments de réflexion.
Yves Le PESTIPON
« Cerdis Zerom deronty toulpinye » : audaces de Papillon avec la langue.