VocUM 2024 : Langage et (dés)information

Date limite pour soumettre une proposition :
31 juillet 2024

Avis d’acceptation des propositions :
septembre 2024

Colloque (en présentiel à l’Université de Montréal) : 14 et 15 novembre 2024

https://vocum.ca

Qu’est-ce que [Voc]UM ?

VocUM, né d’une initiative d’étudiant·e·s de l’Université de Montréal, est l’unique colloque interdisciplinaire et international sur le langage à Montréal. Sa mission est de réunir les jeunes chercheur·euse·s en leur offrant un espace leur permettant de diffuser les résultats de leurs recherches. Il leur est ainsi possible d’une part de développer leurs aptitudes à la communication orale en participant au colloque étudiant annuel, et d’autre part de parfaire leurs capacités de rédaction en publiant des articles dans la revue ScriptUM. Pour ce faire, le langage a été ciblé comme point de convergence pour faciliter le dialogue entre des disciplines autrement isolées les unes des autres.

Le Colloque, fondé en 2014, en est désormais à sa onzième édition. En plus des conférences présentées par de jeunes chercheur·euse·s et deux plénières, le programme comprendra une séance de présentations par affiches.

Thème du Colloque

Le terme ‘information’, du latin formare signifiant « mettre en forme », implique dans son essence le processus de façonner une idée, une représentation, ou bien un concept. Dans l’Antiquité tardive, ce mot acquiert une connotation sociale et interpersonnelle, évoquant le processus de transmission de connaissances ou de vérités, ou même l’acte d’instruire et d’éduquer. Or de la transmission neuronale aux ondes électromagnétiques en passant par les discours politiques et religieux, l’information est partout et change de forme selon les domaines. La 11e édition du colloque VocUM est l’occasion d’interroger les différents visages que l’information et la désinformation prennent, de leur transmission à leur réception et à toutes les étapes intermédiaires. Les médias (nouvelles quotidiennes, bulletins météo) ont développé leur propre langage, et sont le terrain de divers phénomènes de désinformation. Que ce soit les lanceurs d’alertes, le climatoscepticisme, et la diffamation à l’encontre de certaines personnes ou communautés, ces manifestations induisent une érosion de la confiance du public envers les institutions et se traduisent par une nécessité de vérifier les informations qui circulent.

Alors que le terme ‘information’ remonte à une époque très ancienne, son antonyme s’avère bien plus récent. En effet, le mot ‘désinformation’ a vraisemblablement été emprunté au russe дезинформация (dezinformatsiya) dans le contexte de la Guerre froide pour définir la propagation de fausses nouvelles dans le but d’induire en erreur l’opinion publique. Popularisé dans le domaine anglophone dans les années 1980 et initialement liée aux stratégies de manipulation politique, la désinformation a ensuite été étendue pour inclure toute communication gouvernementale (propagande) contenant intentionnellement des informations fausses et trompeuses. Ainsi, la ‘désinformation’ souligne la propagation délibérée de mensonges et de tromperies dans le but de manipuler les perceptions et les opinions. Notons à cet égard que l’anglais distingue pour sa part la ‘misinformation’’ simplement erronée, de la ‘disinformation’ intentionnellement fallacieuse.

En cela, les réflexions liées à l’information et à la désinformation touchent un grand nombre de domaines de recherche : en littérature et en traductologie, le genre littéraire (autobiographie, essai, poésie) et le contexte de réception influent sur notre compréhension de l’information. De nombreux écrivain·e·s jouent d’ailleurs à brouiller la frontière entre le réel et la fiction, que l’on pense à l’autofiction – qui joue entre autobiographie et genre romanesque – ou aux écritures d’inspiration documentaire.  Le choix des stratégies de traduction va, par exemple, dépendre de la nature du texte, du public visé, et de la situation historique, culturelle (enjeux des transferts culturels) ou politique (récits nationaux et identitaires) de production et de réception. 

Un cadre important de propagation de l’information est le milieu académique, où l’intégrité scientifique est au cœur de nombreux enjeux (libre accès, plagiat, usage d’intelligence artificielle, pseudoscientifiques). Les questions de censures intellectuelles (interdiction de livres, inégalité de la répartition des fonds) et de restrictions d’accès à l’éducation (inégalités de genre, de classe) forment également des obstacles au droit à l’information.

L’intersection du langage et de la (dés)information évoque aussi la question des idées reçues sur les langues et leurs usages. Qu’il s’agisse des perceptions linguistiques, du rapport souvent méconnu entre une langue standard donnée et les diverses formes vernaculaires qui en existent, ou encore de l’impact de cet ensemble de représentations linguistiques sur l’enseignement d’une langue sur son apprentissage : la relation complexe qu’un locutorat entretient avec la réalité de ses pratiques langagières soulèvent d’autres questions relevant de la (dés)information.

En matière d’accessibilité, l’ère du numérique soulève pour sa part plusieurs enjeux, tout en ouvrant par le fait même de nouveaux horizons. Pensons par exemple aux corpus et archives en tout genre qui sont de plus en plus digitalisés – au coût cependant de l’accès direct à l’information dans sa matérialité. Outre l’aspect juridique de l’accès à l’information, mentionnons entre autres la tendance croissante dans certains pays comme la Suède et l’Allemagne à se prémunir d’une législation obligeant le recours à un langage clair et accessible pour s’adresser au public, afin que les discours politiques officiels ou encore les plaques muséales informatives puissent être compris·e·s par toustes.

Mais alors que le terme ‘intelligence artificielle’ (IA) est sur toutes les lèvres, les derniers avancements technologiques en la matière apportent leur lot de défis. Les changements fulgurants des progrès en IA générative au cours des dernières années ne cessent de brasser les cartes : vue comme une source d’information par les un·e·s et décriée comme un outil de désinformation par les autres, la question de l’IA ne pouvait être laissée sous silence dans la perspective du thème de cette année.

Qui est admissible ?

Les propositions pour VocUM 2024 – Langage et (dés)information pourront entre autres s’inscrire dans les disciplines suivantes :

Acquisition du langageJournalisme
Aménagement linguistiqueLinguistique
Analyse du discours Littérature
AnthropologieMusicologie
Communication Neurosciences 
Didactique des languesOrthophonie
DroitPhilosophie du langage
EthnologieSanté publique
Études classiquesSciences politiques
EthnolinguistiqueSociolinguistique
HistoireSociologie
Histoire de l’artTraduction et traductologie
Informatique et intelligence artificielleTraitement automatique des langues

Afin de rejoindre une grande variété de présentateur·trice·s, le colloque VocUM 2024 comportera des séances de communications, d’une durée de 15 à 20 minutes suivies d’une période de questions, ainsi qu’une plage horaire exclusive consacrée aux présentations par affiches. Les étudiant·e·s de tous les cycles sont invité·e·s à soumettre leur projet, en précisant si leur soumission doit être considérée pour une communication ou une affiche (à la discrétion du comité évaluateur), ou seulement pour une affiche.

Merci de nous faire parvenir vos propositions de communication au plus tard le dimanche 31 juillet 2024 par le biais dece formulaire. Elles doivent être composées d’un maximum de 300 mots et soumises à l’aide du formulaire électronique accessible sur le site Web de VocUM. Le comité scientifique accepte des propositions en français, anglais, espagnol, italien ou allemand. Cependant, la diffusion du savoir en français est fortement encouragée.

Dates à retenir

Date limite pour soumettre une proposition : 31 juillet 2024

Avis d’acceptation des propositions : septembre 2024

Colloque (en présentiel à l’Université de Montréal) : 14 et 15 novembre 2024

Pour plus d’informations : http://vocum.ca, info@vocum.ca

Bibliographie

Œuvres critiques

Acke, Daniel. « Révisionnisme et négationnisme » dans Témoigner. Entre histoire et mémoire, vol. 122, 2016, p. 53−63.

Aristote. Réfutations sophistiques, IVe siècle av. J.-C.

Bernays, Edward. Propaganda, New York, Horace Liveright, 1928.

Bourdieu, Pierre. « L’opinion publique n’existe pas » dans Les Temps modernes, n°318, janvier 1973, p. 1292−1309.

Chomsky, Noam et Robert W. McChesney. Propagande, médias et démocratie [trad. Liria Arcal et Louis de Bellefeuille], Montréal, Écosociété, 2005.

Colon, David. Propagande. La manipulation de masse dans le monde contemporain, Paris, Flammarion, 2021.

Decout, Maxime. Pouvoirs de l’imposture, Paris, Minuit, 2018.

————. En toute mauvaise foi. Sur un paradoxe littéraire, Paris, Minuit, 2015.

Halimi, Serge. Les nouveaux chiens de garde, Paris, Liber-Raisons d’agir, 1997.

Jacquard, Roland. La Guerre du mensonge : histoire secrète de la désinformation, Paris, Plon, 1986

McWhorther, John. What Language Is: And What It Isn’t and What It Could Be, New York, Gotham Books, 2011. 

Melançon, Benoît. Le niveau baisse! et autres idées reçues sur la langue, Montréal, Del Busso, 2015.

Lejeune, Philippe. Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1975.

Pratte, André. Les oiseaux de malheur : essai sur les médias d’aujourd’hui, Montréal, VLB éditeur, 2000.

Ponsonby, Arthur. Falsehood in War-time, Containing an Assortment of Lies Circulated Throughout the Nations During the Great War, London, Garland publishing company, 1928.

Quivy, Vincent. Incroyables mais faux! Histoires de complots de JFK au COVID-19, Paris, Seuil, 2020.

Reboul, Anne. « Le paradoxe du mensonge dans la théorie des actes de langage » dans Cahiers de linguistique française, n°13, Université de Genève, Suisse, 1992, p. 125−147.

Robert, Anne-Cécile. Dernières nouvelles du mensonge, Montréal, Lux Éditeur, 2021.

Scholar, Richard et Alexis Tadié. Fiction and the Frontiers of Knowledge in Europe 1500−1800, Burlington/London, Aldershot publishing/Routledge,  2016 [2011].

Schopenhauer, Arthur. Eristische Dialektik, die Kunst Recht zu behalten [L’art d’avoir toujours raison ou La dialectique éristique], 1864.

Tadié, Alexis. « Fiction et vérité à l’époque moderne », Philosophiques, vol. 40, n°1, printemps 2013, p. 71−85.

Shultz, Richard H. et Roy Godson. Dezinformatsia: Active Measures in Soviet Strategy, Washington, Pergamon-Brassey’s, 1984.

Yaguello, Marina. Catalogue des idées reçues sur la langue, Paris, Seuil 1988.

Œuvres artistiques

Aristophane. Les nuées, Ve siècle av. J.-C.

Atwood, Margaret. The Handmaid’s Tale, Toronto, McClelland & Stewart, 1985.

Beigbeder, Frédéric. 99 Francs, Paris, Grasset & Fasquelle, 2000.

Bello, Antoine. Les falsificateurs, Paris, Gallimard, 2007.

Bernard, Olivier. Le Pharmachien [3 volumes], Montréal, Éditions les Malins, 2014.

Carrère, Emmanuel. L’adversaire, Paris, P.O.L., 2000.

Collodi, Carlo. Le avventure di Pinocchio. Storia di un burattino [Les Aventures de Pinocchio : histoire d’un pantin], Firenze, Paggi, 1883.

Dick, Philip K. The Man in the High Castle, New York, G. P. Putnam’s Sons, 1962.

Gravel, Élise. Alerte : culottes meurtrières! Fausses nouvelles, désinformation et théories du complot, Scholastic Canada, 2023.

Lindon, Mathieu. Le procès de Jean-Marie Le Pen, Paris, P.O.L., 1998.

Louatah, Sabri. 404, Paris, Flammarion, 2019.

Modiano, Patrick. La Place de l’Étoile, Paris, Gallimard, 1968.

Orwell, George. Nineteen Eighty-Four, London, Secker & Warburg, 1949.

Platon. Euthydème, IVe siècle av. J.-C.

Rossini, Gioachino. « La calunnia è un venticello [Air de la calomnie] », Il barbiere di Siviglia [Le Barbier de Séville]  livret de Cesare Sterbini, 1816.

Volkoff, Vladimir. Le montage, Paris, Julliard, 1982.

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